ARARPI0233382
Paire de tableaux sur ardoise
La Madeleine pénitente et saint Jean-Baptiste
Huile sur ardoise. Voici deux exemples de peinture à l'huile sur pierre, genre pictural particulièrement populaire dans la République de Venise entre le XVIe et le XVIIe siècle, sous la forme de peinture à l'huile sur tableau noir ou pierre de touche. Le choix d'une pierre aussi sombre comme fond n'est pas seulement lié à des raisons pratiques (la proximité des mines de Brescia et du Val Brembana), mais, comme le démontrent clairement nos deux œuvres, l'émergence des figures sur le fond sombre répond à la lumière aussi pleine des nouveaux besoins de la peinture de l'époque, qui dans le climat de la Contre-Réforme, tendait à exprimer non seulement les certitudes existentielles idéalisées de la pleine Renaissance, mais aussi les angoisses et l'ouverture à de nouvelles phases, tendant déjà avec le Tintoret vers une plus grande attention à la réalité et aux contrastes lumineux, pour se diriger ensuite massivement vers la recherche du XVIIe siècle fortement axée sur la combinaison contrastée de la lumière et de l'ombre. Les deux œuvres présentées ici, bien dans la production de l'espace vénitien des premières décennies du XVIIe siècle, proposent deux figures de saints, tous deux ermites, placées sur un fond naturaliste sombre et à peine visible. La figure de Madeleine émerge de l'obscurité, penchée pour suivre la courbe du support en pierre ; elle est représentée regardant d'un air interrogateur vers l'obscurité, comme dans une attitude d'écoute, la main gauche levée et l'autre posée sur le "memento mori" remarquablement raccourci. Devant elle un fléau et le pot de pommade. Peint en pendentif, Saint Jean-Baptiste est représenté jeune homme, avec un agneau à ses pieds, à la main la croix de procession avec l'étendard "ecce agnus dei", tandis que de la main droite il puise à la source d'eau, rappelant l'épisode qui verra Jésus-Christ baptisé. Dans les deux tableaux, les personnages se détachent de manière forte et incisive grâce au noir qui caractérise la plaque d'ardoise sur laquelle ils sont représentés. Les deux tableaux, de format ovale, sont présentés dans des cadres en bois noir, de la fin du XIXème siècle.